En alternant les perspectives de narration, Martin R. Dean relate le mal qu’a Sam à se faire à la discipline de sa vie en fauteuil roulant. Florian essaie d’être à ses côtés. Finalement, tous deux partent pour le Portugal, dans l’espoir de faire renaître leur vieille complicité. La réussite ne sera pas au rendez-vous. L’artiste raté reste récalcitrant, et le médecin a l’impression d’être «l’idiot de l’industrie de la santé». Il faut blesser pour guérir: telle est sa devise. Elle révolte Sam, qui ne peut accepter qu’une liberté totale.
Dans leur for intérieur, ils sont tous les deux chamboulés. D’une nature timide et réservée, Florian jalouse la vitalité de son ami, tandis que Sam rumine ses échecs. Sa carrière d’artiste a depuis longtemps du plomb dans l’aile, de sorte qu’il ne lui est resté que la liberté, et l’amour.
«Ein Stück Himmel» sonde cette relation difficile avec subtilité et la place dans un contexte qui véhicule un certain inconfort à la lecture. C’est un instant d’inattention qui met une vie sens dessus dessous. Martin R. Dean parvient à immerger le lecteur dans le sujet et le confronte durablement à une expérience qui peut nous arriver à tous, à tout instant. Comment y réagir? En se rebellant, comme le fait Sam, ou en s’y soumettant, comme le conseille Florian? Par ce dilemme, Martin R. Dean nous tient en haleine jusqu’à la fin amère de son livre. La scène consolatrice finale n’est qu’une réminiscence des jours heureux.
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