Arnaud Ghelfi, États-Unis

Te sens-tu parfois étranger·ère dans ton pays de résidence? 

Oui, surtout maintenant sous cette administration américaine qui vilipende les immigrants. Je suis intégré et nationalisé, mais je reste un immigrant. C’est une part entière de mon identité et de mon parcours de vie. Mes enfants son binationaux et mon épouse a acquise la citoyenneté Suisse. Des fois aussi je me sens un petit peu étranger quand je «rentre» en Suisse. Le concept même de «home» en soit est compliqué: Je vais «back home» quand je voyage en Suisse. Et à la fin des vacances, je retourne aussi et encore à la maison.

Peut-on avoir plusieurs patries? 

Absolument: Une patrie de naissance et une patrie d’adoption. Être binational, bilingue, bi-cultural est une chance incroyable. Il y a quelques années, ayant vécu la moitié de ma vie en Suisse et l’autre moitié aux États-Unis, j’ai essayé de représenter cette dualité dans une illustration en style «papier découpé» qui mélange les visuels typiquement Suisses comme le cor-des-alpes, le lancer du drapeau, ou le Cervin, avec mes paysages de Californie comme le Golden Gate Bridge, les cable cars, Coit Tower, ou le Half-Dome de Yosemite. De mettre en relation la vache Suisse avec l’ours Californien, l’edelweiss avec la fleur de pavot Californienne. J’ai appelé ce poster «San Franswissco» et, à ma plus grande surprise, beaucoup de Suisses et Suissesses de la région s’y sont reconnus. Par la suite j’ai produit quelques versions différentes de cette illustration comme des étiquettes de vins pour Halter Ranch qui appartient au philanthrope et entrepreneur Suisse Hansjörg Wyss, et aussi sur la sculpture d’un cœur, pour une levée de fonds en faveur de la fondation de l’hôpital de San Francisco qui sert les plus démunis.