Le multilinguisme en Suisse est une variable à considérer dans l’équation de la recherche d’un emploi. Maîtriser au moins une langue nationale est une condition quasiment essentielle afin d’obtenir un emploi. Les langues étrangères peuvent également être un atout majeur dans de nombreux secteurs, comme les entreprises internationales, l’hôtellerie et le tourisme. Ces exigences linguistiques peuvent cependant être un frein au retour pour nos concitoyens.
Il en va de même concernant le coût d’installation ou de réinstallation en Suisse. Ce facteur incite souvent les Suisses de l’étranger sur le retour à se diriger dans un premier temps vers les régions où vivent leurs proches, ne serait-ce que pour bénéficier d’une aide à l’hébergement. Cette stratégie est évidemment légitime, mais Christine Joray, collaboratrice scientifique au SECO dans le domaine du marché du travail et réinsertion, relève l’importance de mener une réflexion préalable: «Une analyse des potentielles entreprises et des employeurs situés dans la région de prédilection est indispensable au succès d’une future intégration professionnelle en Suisse». Il est donc judicieux de choisir son futur domicile en connaissance de cause.
«La maîtrise d’une langue étrangère est un véritable atout dans la course au job»
Christine Joray, SECO
Un bilan de compétences, afin de définir en amont son projet professionnel, peut également s’avérer fructueux. Dans cette démarche, une reconnaissance de diplôme est souvent la case obligatoire explicitement requise par la loi afin de pouvoir exercer une profession en Suisse. Le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), est compétent pour la reconnaissance des diplômes étrangers. Le réseau international ENIC-NARIC regroupe les organismes de reconnaissance des pays membres de l’UE et/ou du Conseil de l’Europe. Pour les diplômes dans le domaine de la santé, la Croix Rouge Suisse dispose de la compétence.
À retenir pour le retour…
- Maîtriser au moins une langue nationale
- Avoir conscience des coûts générés par un retour
- Anticiper la demande de reconnaissance de diplôme
- Sonder le marché de l’emploi dans la région de prédilection choisie
- Activer son réseau privé: amis, famille, etc.
- Participer aux webinaires proposés par le DFAE, l’ASO et Soliswiss sur le travail et le marché du travail en Suisse: www.revue.link/travail
Il convient de s’informer sur les différentes démarches à entreprendre avant le retour, afin de ne pas avoir de mauvaises surprises. Une reconnaissance de diplôme n’est pas toujours possible et peut générer de grandes frustrations. Il faut alors considérer des options alternatives. Christine Joray souligne que: «Mentionner une expérience internationale sur son CV peut être un véritable atout concurrentiel».
Les Suisses de l’étranger possèdent des points forts indéniables dans les postulations. L’expérience internationale et les compétences interculturelles acquises en vivant à l’étranger sont particulièrement appréciées dans les entreprises internationales. De grandes capacités d’adaptation et de résilience sont également recherchées par la plupart des employeurs.
«En Suisse, de nombreuses entreprises manquent de personnel, pratiquement dans tous les secteurs»
Christine Joray, SECO
Les professions non réglementées peuvent également présenter des opportunités pour les Suisses sur le retour. Pour de nombreuses professions telles que coiffeur, jardinier indépendant, peintre en bâtiment, community manager, consultant en marketing, etc., il n’existe pas de loi ou de règlement fédéral imposant des conditions strictes. Il appartient donc à l’employeur ou à l’employeuse d’apprécier le niveau du diplôme.
Il n’existe pas en Suisse de liste centralisée unique des professions réglementées, mais plusieurs autorités fédérales et cantonales recensent les professions nécessitant une autorisation, une reconnaissance de diplômes ou une inscription à un registre. Il est également important de souligner qu’il existe des différences cantonales. Pour la profession d’architecte par exemple, l’exercice de la profession et le port du titre n’est pas libre dans les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg, Lucerne et Tessin.
La santé, la construction, l’hôtellerie/tourisme, la technologie et l’ingénierie sont les secteurs les plus touchés par le manque de personnel. Les pénuries peuvent être de nature structurelle, temporaire ou saisonnière. Ces dernières devraient encore s’accentuer à l’avenir: Christine Joray souligne le fait que selon economiesuisse, il devrait manquer plus de 430’000 personnes actives d’ici 2040. Il y aura donc des postes à pourvoir.
Afin de maximiser ses chances de succès, une bonne planification avant le retour en Suisse reste une des clés du succès. S’informer, contacter son réseau sur place et prévoir un pécule suffisant afin de subsister aux mois suivant l’installation sont des éléments indispensables pour couronner de succès un retour sur le marché du travail suisse.
Des aides existent également!
Sur mandat du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), un service de conseil pour les Suisses de l’étranger souhaitant réintégrer le marché du travail en Suisse a été mis en place. L’activité de conseil a été transmise à l’Office de l’économie et du travail du canton de Bâle-Ville. Ce service a pour objectif d’aider du mieux possible les Suisses de l’étranger à la recherche d’un travail et de préparer leur retour sur le marché de l’emploi. Idéalement, cela permet de trouver un emploi avant même le retour au pays!
Adresses à retenir:
www.revue.link/sbfi
www.enic-naric.net
www.revue.link/awa
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