Avec sa collection «Ramuz Graphique», la maison d’édition Helvetiq a eu une idée en or: faire vivre le patrimoine littéraire helvétique à travers des romans graphiques, une forme de bande dessinée qui autorise toutes les audaces formelles. «Cela peut permettre de connecter les jeunes aux classiques et leur donner envie de lire l’original», explique Hadi Barkat, son directeur. Dessinée par le neuchâtelois Quentin Pauchard, «La grande peur dans la montagne», parue en avril, constitue le deuxième tome de cette série. Nous voilà transportés sur l’alpage de Sasseinere, dans le Valais romand, où une poignée de paysans, jeunes et âgés, se sont résolus à amener leurs bêtes. Les lieux ont été abandonnés depuis vingt ans, suite à la mort de plusieurs hommes dans des circonstances mystérieuses. Après quelques jours, des vaches tombent malades. Le vétérinaire du village décrète une quarantaine. Peurs, superstitions, s’immiscent dans les cœurs. L’alpage se transforme en prison.
Pour capter cette ambiance, Quentin Pauchard, né au Val-de-Ruz (NE), s’est rendu à Evolène (VS). Il a alors l’impression de marcher dans les pas de Ramuz. «Comme beaucoup j’avais découvert ses romans à l’école, mais sans en garder un très bon souvenir. Adulte, j’ai eu beaucoup de plaisir à le redécouvrir et à chercher comment rendre accessible son œuvre tout en respectant son essence», raconte-t-il. Ses dessins, avec leurs aplats sombres où éclatent parfois les lueurs roses et jaunes du soleil, prennent le lecteur par la main. Nous voilà désespérés quand la jeune Victorine prend tous les risques pour aller retrouver son amoureux enfermé là-haut sur la montagne. Les peurs des hommes se transforment en fantômes qui, la nuit, viennent taper sur le toit. La maladie rôde. La montagne nourricière oppresse les hommes. De fait, le roman graphique en question donne envie de relire Ramuz.
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