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  • Société

Lio a encore des choses à apprendre

22.03.2024 – Eveline Rutz

Dans le futur, serons-nous soignés par des robots? Il se peut en effet que des machines puissent un jour soulager le personnel soignant. Pour l’heure, celui-ci aimerait surtout que l’initiative populaire «pour des soins infirmiers forts», acceptée en 2021, soit mise en œuvre.

Lio raconte des blagues, passe de la musique et peut donner la météo. Elle prend l’ascenseur et transporte des objets, écoute et fait preuve de patience. Lio est un robot. Elle a été créée pour assister le personnel soignant. Pour l’instant, Lio a encore des choses à apprendre. «Actuellement, elle nous donne davantage de travail qu’elle ne nous aide», relate Marlies Petrig, du Centre de soins et de santé (KZU) d’Embrach. Il faut par exemple bien articuler lorsqu’on lui parle, et répéter plusieurs fois les choses. Servir une boisson lui pose encore problème. Sa motricité fine est restreinte. Et le robot a souvent besoin de mises à jour. Il est donc encore loin de concurrencer le personnel soignant. «Ceux qui craignaient que Lio remplace l’être humain ont vite été tranquillisés», note Marlies Petrig.

Photo MAD

Depuis juin 2022, ce robot de service est utilisé par le KZU dans le cadre d’un projet pilote. «À l’avenir, nous utiliserons toujours plus de moyens technologiques», explique Marlies Petrig. Pour les jeunes collaborateurs en particulier, il est utile de pouvoir tester très tôt ce type d’innovations – et de se poser les questions techniques et éthiques qui les accompagnent.

Prévue pour des tâches répétitives

Un jour, des robots d’assistance tels que Lio pourraient contribuer à soulager les collaborateurs dans le secteur des soins. «Ils pourraient contribuer à remédier à la pénurie de personnel qualifié», déclare Albino Miglialo, du fabricant F&P Robotics. L’idée est qu’ils se chargent des travaux répétitifs, afin que les soignants puissent se consacrer à d’autres tâches: «Les robots ont un gros potentiel, et ils évoluent rapidement.»

Pour l’heure, le personnel espère surtout que l’initiative populaire «pour des soins infirmiers forts» déploie ses effets. Le 28 novembre 2021, les Suisses l’ont acceptée à une large majorité (61 %), y compris à l’étranger. Dans les hôpitaux, EMS et foyers médicalisés, les professionnels des soins exultaient: ils bénéficieraient enfin d’une autonomie accrue et de meilleures conditions de travail. Grâce à une offensive de formation, on parviendrait en outre à former davantage de personnes au métier, ce qui permettrait de répondre aux défis posés par une population vieillissante.

Marlies Petrig: «Les personnes qui ont besoin de soins doivent avoir l’assurance qu’elles seront prises en charge par des êtres humains. Les robots ont une fonction auxiliaire.» Photo KZU

Deux ans après le succès de la votation, les résultats concrets se font attendre. Marlies Petrig note une certaine impatience parmi le personnel soignant, qui comptait sur des améliorations rapides: «La plupart n’ont pas assez conscience que la chose politique prend du temps.» Depuis 2021, la situation s’est même aggravée: le marché du travail est asséché et les hautes écoles spécialisées reçoivent peu d’inscriptions. Si certains cantons et entreprises ont quelque peu augmenté les salaires, l’initiative populaire en tant que telle n’a pas encore été mise en œuvre.

L’ASI veut accélérer les choses

«Tel est, dans une certaine mesure, le prix de notre démocratie», relève Yvonne Ribi, directrice de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). D’un point de vue politique, dit-elle, c’est compréhensible. Mais pour les gens qui travaillent sur le terrain, la mise en œuvre de l’initiative devrait aller «bien plus vite, car nombre de soignants continuent à quitter le métier, et l’on en forme trop peu». De nombreux postes ne trouvent pas preneur, et la surcharge guette le personnel actif.

Le jour de la votation, le Conseil fédéral a promis d’aller de l’avant. Dans une première étape, il a recueilli les exigences liées à l’offensive de formation. À l’avenir, par exemple, les cantons devront participer à la prise en charge des coûts de formation pratique encourus par les établissements de santé. En outre, les futurs soignants qui suivent une école supérieure ou une haute école spécialisée bénéficieront d’une aide directe sous la forme de bourses d’étude s’ils ne parviennent pas à subvenir à leurs propres besoins. Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur le 1er juillet 2024.

Une deuxième étape vise à améliorer les conditions de travail. Les plannings de service, par exemple, devront obéir à des règles plus strictes. Les collaborateurs devront connaître leurs horaires de travail à l’avance et toucheront des indemnités supplémentaires pour les engagements de courte durée. En outre, les infirmiers pourront facturer directement certaines prestations, sans prescription médicale. Comme lors de la campagne de votation, ce point pourrait encore faire débat au Parlement. La décision de celui-ci est attendue d’ici la fin de l’année 2025.

«Il faut aussi agir, le plus vite possible, pour que les professionnels restent dans le métier.» Yvonne Ribi. Photo Raphael Moser, Berner Zeitung

Les entreprises peuvent changer certaines choses

«Bien sûr, nous aurions préféré une procédure plus rapide, sans étapes», relève la représentante de l’ASI. Certes, des investissements seront faits dans la formation dès la mi-2024. Mais cela ne suffit pas: «Il faut aussi agir, le plus vite possible, pour que les professionnels restent dans le métier.» Yvonne Ribi est satisfaite de voir que certains établissements, depuis la votation, ont reconnu l’urgence et font eux-mêmes «des pas dans la bonne direction». Le Conseil fédéral souligne lui aussi la possibilité de mettre en place des améliorations sans attendre. Voici ce qu’il répond par écrit aux critiques du Parlement: les cantons, entreprises et partenaires sociaux sont tenus d’agir dans leur domaine de responsabilité et ce, «sans attendre la mise en œuvre de l’initiative populaire au plan fédéral».

Et que fait le KZU d’Embrach pour offrir un environnement de travail plus attrayant? Le plus important, confie Marlies Petrig, c’est la hiérarchie directe. Dans un travail qui peut être lourd et difficile, l’atmosphère au sein de l’équipe est décisive. Des compétences professionnelles mais aussi sociales sont donc requises. Le KZU favorise le développement professionnel du personnel et s’efforce de simplifier les processus de travail. «Et nous transmettons le sens profond de notre métier: nous travaillons au cœur de la vie.»

Lio est généralement appréciée

Lorsqu’elle se balade dans les couloirs du KZU, à Embrach, Lio fait sensation. La plupart des résidents, visiteurs et membres du personnel lui témoignent de l’intérêt. Certains, toutefois, font preuve de scepticisme ou d’une attitude de rejet. «C’est leur bon droit», note Marlies Petrig. Elle insiste sur le fait que le robot est identifiable en tant que tel: visuellement, il n’a nullement l’apparence d’un être humain: «Cette distinction doit être claire.» Au KZU, Lio pourrait un jour transporter les prises de sang au laboratoire, documenter des processus et divertir les gens. En revanche, les tâches sensibles et complexes continueront d’être accomplies par le personnel infirmier. Et Marlies Petrig de souligner: «Les personnes qui ont besoin de soins doivent avoir l’assurance qu’elles seront prises en charge par des êtres humains. Les robots ont une fonction auxiliaire.»

Du reste, les longues journées de labeur fatiguent même un robot. Quand Lio n’a plus d’énergie, elle roule elle-même jusqu’à sa borne de recharge, s’y branche et se repose un instant.

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Commentaires :

  • user
    Joy MacIntyre (Gaillard), Canada 28.03.2024 à 11:59

    Maybe this will eventually be the solution to the persistent problem in Quebec……A HUGE STAFF SHORTAGE! Unfortunately because of our Governments militant stance regarding language, religion and a variety of other issues, fewer and fewer people are motivated to enter the nursing profession and are finding other careers to demonstrate their talents and work in an environment in which they feel appreciated. Get rid of Bills 21 and 96!!! Then and only then might we be able to address and rectify this serious problem.

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  • user
    Redaktion Schweizer Revue 26.03.2024 à 10:30

    Antwort auf die Frage von Ben Kofinas - Nachfolgend die Rückmeldung der Firma F&P:


    «Gerne teile ich Ihnen einen Richtwert mit: Die Kosten belaufen sich auf ungefähr 130'000 CHF, abhängig von den lokalen Gegebenheiten und erforderlichen Individualisierungen.


    Zu den Betriebskosten: In den ersten vier Jahren fallen diese gleich null aus, da wir unsere Roboter als RaaS (Robot as a Service) anbieten. Dieses Konzept sorgt dafür, dass unsere Kunden von einem umfangreichen Dienstleistungspaket profitieren, das im Preis inbegriffen ist und ihnen ein sorgenfreies Paket garantiert. Inbegriffen sind unter anderem Updates, Serviceleistungen, Support und Garantie.»

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  • user
    Ben Kofinas, Deutschland 26.03.2024 à 09:09

    Was sind die Anschaffungs- und Betriebskosten des Lio???

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