«Nous voulons renforcer l’engagement de la société civile», explique la directrice de la campagne, Noémie Roten (36 ans). Ce qui s’accompagnerait d’une meilleure reconnaissance du travail bénévole. «Les jeunes femmes ne voient pas pourquoi elles devraient effectuer un stage non payé dans une institution sociale tandis que les hommes faisant leur service civil reçoivent pour cela une compensation de l’État.» Avec un service de milice, les femmes et les hommes seraient à égalité, y compris en ce qui concerne la rémunération.
Rejet de la gauche et de la droite
Au Parlement, l’initiative récolte peu d’approbation. Seuls les Vert’libéraux la soutiennent. La gauche, en revanche, n’y voit pas un projet en faveur de l’égalité et critique le fait que les femmes seraient contraintes à un «service obligatoire général». Un service citoyen ordonné par l’État, dit la gauche, n’est pas la bonne méthode pour renforcer l’engagement social.
Les politiciens de droite rejettent quant à eux l’initiative parce qu’ils redoutent un affaiblissement de l’armée. «Nous ne sommes pas des antimilitaristes», rétorque Noémie Roten, qui, après sa maturité, a accompli un service militaire en conduisant des camions de l’armée. Pour elle, nombre de jeunes restent enthousiastes à l’idée d’accomplir un service militaire classique. Le texte de l’initiative, dit-elle, garantit en outre l’effectif réglementaire de l’armée et de la protection civile. «Pour renforcer la sécurité, une interaction entre l’armée et la population civile est nécessaire». Un service de milice rassemblerait des jeunes venant de différentes régions et divers contextes. Noémie Roten est persuadée que cela renforcerait «la solidarité, la responsabilité et la cohésion au-delà des barrières linguistiques et sociales».
«Pour renforcer la sécurité, une interaction entre l’armée et la population civile est nécessaire».
Noémie Roten, Co-initiante de l’initiative service citoyen
Les initiants pensent pouvoir convaincre le peuple et les cantons du bien-fondé de leur projet le 30 novembre. Ils puisent de l’optimisme dans les analyses de l’EPFZ, qui réalise chaque année une enquête sur le sentiment de sécurité au sein de la population. En 2025, deux tiers des sondés se sont déclarés favorables à l’introduction d’un service citoyen général obligatoire pour toutes et tous ainsi qu’à un modèle accordant le libre choix entre service militaire, civil ou social.
À la clôture de la rédaction de ce numéro, aucun nouveau sondage n’avait encore été réalisé en vue de la votation. Face au large front de l’opposition, le comité d’initiative, qui dispose de peu de moyens, se trouve à l’aube d’une campagne difficile.
La rétrospective des votations populaires du 28 septembre 2025 sera publiée dans le prochain numéro de la «Revue».
Aperçu des votations du 30 novembre
Service citoyen: l’initiative «Pour une Suisse qui s’engage» exige que l’ensemble des citoyennes et citoyens accomplissent un service au bénéfice de la collectivité et de l’environnement, que ce soit dans l’armée ou dans un domaine civil (voir texte principal).
Impôt national sur les successions: l’initiative «Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement» veut taxer à 50 % les héritages et donations à partir de 50 millions de francs (voir Faut-il taxer les ultra-riches pour la protection du climat?).
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