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Makala, le rap des mots doubles

18.09.2019 – Stéphane Herzog

Le rappeur genevois Makala n’a pas peur des mots. «Radio Suicide», nom de son dernier album studio, sorti en juin, en est la preuve. Le jeune homme d’origine congolaise se moque de passer à la radio. Il a en effet composé 21 titres où la liberté sonore et les licences poétiques sont complètes. La première écoute n’est pas aisée, du fait d’une explosion d’idées musicales, créées avec la complicité du producteur Varnish La Piscine. Le rap de Makala suit des rythmes funk souples, voire reggae, mais les plages sonores sont triturées, malaxées, interrompues par des flashes qui empêchent de s’endormir au volant. Les paroles donnent de la place à des sentiments doux et amers. Chaque nouvelle écoute révèle un élément en plus. Membre et fondateur du collectif suisse SuperWak Clique (voire la «Revue Suisse» de janvier 2018), Makala parle de son succès et de ses effets sur ses relations sociales. Il évoque les réseaux sociaux, leur vanité. Il dévoile sa fragilité, dans un monde de gros bras. «La première fois que j’ai fait l’amour, j’ai fait croire que je l’avais déjà fait», scande-t-il sur Goatier. L’argent et le succès? «J’ai la main dans le froc (pantalon). Bientôt j’ai les mains dans le fric», raconte le Genevois sur ICIELAO. L’homme excelle dans l’art de créer des collisions lexicales, où les mots véhiculent plusieurs idées simultanément. La voix de Makala peut évoquer le flow du rappeur américain Snoop Dogg. Elle est suave, presque chuchotée. Les paroles sont compréhensibles, mais pas toujours accessibles, du fait d’un usage accru d’argot et de verlan (langage qui inverse les syllabes). Il s’avère que l’album a tapé dans l’œil de la critique spécialisée française. «Je pourrais dire qu’il s’agit là du meilleur album de rap francophone de la décennie, sauf que ce n’est pas tout à fait un album de rap, ou disons que c’est plus qu’un album de rap», écrit Etienne Menu sur le blog rap Musique journal. C’est le signe que les rappeurs genevois et leur label indépendant Colors Records ont vraiment réussi à sortir de leur petite République.

Makala: «Radio Suicide» 2019, Colors Records

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Commentaires :

  • user
    Philippe Cassard, Sées, France 19.09.2019 à 16:17
    Donc ce talent est rapatrier au Congo, il ne faut s'approprier ainsi des richesses africaines.
    Présenter la traduction
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