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L’ardeur helvète

22.05.2018 – Stefan Strittmatter

C’est tout simplement du jamais-vu: de la soul suisse, qui plus est en dialecte. Et non pas le substitut d’un folklore rutilant et aseptisé baptisé soul comme on le trouve depuis quelques années dans les charts. Non, une soul authentique issue du rhythm’n’blues de la fin des années 50.

La musique de ce quintette originaire de Schaffhouse fait du bien. Il joue avec beaucoup d’ardeur, et son arme secrète, la voix de Philipp Albrecht, navigue constamment au cœur d’arrangements captivants. Du cri viscéral au murmure habité, ce trentenaire maîtrise l’intégralité des genres, tout en décontraction et avec crédibilité, comme si depuis toujours la soul n’avait été interprétée que dans le dialecte vigoureux et charismatique de Schaffhouse plutôt que par des Noirs dans un jargon américain plein de rondeurs.

C’est ainsi que Min King nous fait dresser l’oreille: depuis 2012, leur single «Bluemewäg» se démarque de manière rafraîchissante sur l’Airplay de la station de radio nationale; leur premier album «Am Bluemewäg», du même nom ou presque, s’est classé immédiatement dans les charts suisses, même si ce ne fut qu’en 86e place. Min King a eu besoin de cinq années pour revenir avec «Immer Wieder», et cela a plusieurs raisons. Tout d’abord, le groupe s’est accordé un temps de repos suite à une longue tournée; ensuite Philipp Albrecht, son leader, s’est risqué à une carrière en solo avec «Fründin», un titre dancehall; enfin, le deuxième album nécessitait une légère correction de style.

L’album «Immer Wieder» de Min King ressemble bien moins à la soul démonstrative des années 60 et propose une musique plus «oxygénée». «Meisli» est un blues mineur planant, sans refrain, «Bisch Immer No Da» un reggae sur lequel on entend le ruissellement des chutes du Rhin, et «Teil Dich Mit», un titre paisible avec un rythme 6/8, façon Nancy Sinatra. Dans ce titre, Albrecht parle du fait de tourner en rond sans trouver d’issue.

Avec ce deuxième album, Min King propose un son plus voluptueux, comme lors d’une after-party à laquelle on serait très volontiers conviés. Même en l’absence de grands tubes comme «Bluemewäg», on continue volontiers de suivre la trace de ce groupe.

Min King: «Immer Wieder», Irascible 2017.

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