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Kurt Marti | Poèmes tardifs sur l’amour et la mort

07.06.2021 – Susanne Wenger

Il aurait eu 100 ans cette année: le théologien et écrivain bernois Kurt Marti est décédé en 2017 à l’âge vénérable de 96 ans.

En Suisse, Kurt Marti est surtout connu pour sa poésie, bien qu’il ait aussi écrit de la prose. Celui qui fut pendant de longues années l’éloquent pasteur de l’église Nydegg, en vieille ville de Berne, écrivait des vers en allemand et en dialecte bernois, sans jamais être pesant. Ses poèmes étaient laconiques, ludiques, critiques avec leur temps. Kurt Marti se distinguait par son sens aigu de l’observation. Rares sont ceux qui, comme lui, savent saisir le sens des choses en peu de mots. Cette qualité apparaît une fois encore dans le petit recueil «Hannis Äpfel», qui vient de paraître à titre posthume et contient des poèmes jusqu’ici inédits légués à ses héritiers.

Il y parle des affres de la vieillesse, de la solitude, de l’attente de la mort. Et surtout de la perte douloureuse de son épouse. Kurt et Hanni Marti-Morgenthaler furent mariés pendant près de 60 ans et eurent quatre enfants. La couverture du livre les montre dans leurs jeunes années, il l’enlace aussi tendrement que résolument. Hanni est décédée en 2007, dix ans avant lui. Il aurait préféré que ce soit l’inverse ou, mieux encore, partir en même temps, comme Philémon et Baucis dans la mythologie grecque. La douleur de son veuvage, Kurt Marti l’a traduite en poésie: «Bei dir war ich gerne ich./Jetzt aber und ohne dich?/Wär’ ich am liebsten/auch ohne mich.» [Moi, j’étais bien auprès de toi. Et maintenant, que suis-je sans toi? Je préférerais aussi être sans moi.] Ces vers sont tirés du poème «Hanni», qui s’étend sur plusieurs pages. Il est touchant de lire cet hommage à la bien-aimée de toute une vie, plein de souvenirs, de scènes brèves qui caractérisent leur relation. Non dénué d’autocritique, l’auteur ne cache pas sa propre détresse, son dépit lié au fait que sa compagne n’était plus autonome à la fin de sa vie.

KURT MARTI: «Hannis Äpfel», poèmes posthumes (en allemand). Éditions Wallstein, Göttingen, 2021, 90 pages; CHF 18.00

Il s’agit de «notes tendres», écrit la poétesse Nora Gomringer dans la postface. D’un trait fin et habile, Kurt Marti laisse aussi entrevoir la biographie de son épouse et lui rend hommage. Le poète et pasteur avait déjà évoqué le passé dans un écrit publié tandis qu’il vivait déjà dans un home pour personnes âgées de la ville de Berne. Son écriture était impitoyable, un brin résignée parfois, mais jamais dénuée d’humour, comment le montrent également ses derniers poèmes. Ceux-ci parlent d’expériences très personnelles, mais que beaucoup traversent à l’heure de la vieillesse. Il est bon que l’écrivain Guy Krneta les ait publiés, avec l’accord de la famille.

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