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«Une part de femmes de 40 % constituerait une bonne première étape»

04.02.2021 – Interview: Marc Lettau

L’Organisation des Suisses de l’étranger a aussi pour objectif de promouvoir les femmes. L’élection du Conseil des Suisses de l’étranger est une occasion concrète de le faire. Quels espoirs nourrit la directrice de l’OSE, Ariane Rustichelli, en vue de ces élections?

Au «Parlement de la Cinquième Suisse», le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE), 44 femmes et 76 hommes représentent la communauté suisse à l’étranger. Vous dites que cette proportion est insatisfaisante.

Oui, elle l’est, ne serait-ce que parce que les femmes sont majoritaires au sein de la «Cinquième Suisse»: elles représentent 54 % des 770 000 Suisses de l’étranger. Mais il ne s’agit pas que de chiffres: un conseil doit refléter aussi fidèlement que possible la communauté dont il défend les intérêts. Une meilleure représentation des femmes changerait aussi l’agenda politique, la culture du dialogue et la recherche de solutions. Nous constatons cela actuellement en Suisse. La grève des femmes et d’autres initiatives ont fait qu’un plus grand nombre de femmes ont été élues au Parlement fédéral en 2019. Le contenu des débats commence à changer.

Il y a 42 % de femmes au Conseil national, 36 % au CSE. Faut-il que cette proportion augmente aussi à plus de 40 %?

Oui. Une part de femmes de 40 % au CSE constituerait une bonne première étape.

Et quelle serait la deuxième étape?

Le véritable objectif est de 50 % ou plus, car il s’agit de représenter la diversité de la «Cinquième Suisse» aussi bien que possible au CSE. Du reste, la représentation de la diversité n’est pas une fin en soi: la diversité est toujours un enrichissement et permet de prendre de meilleures décisions, plus largement acceptées.

Promouvoir les femmes ne suffira pas pour représenter la diversité de la société.

Effectivement. Nous ne devons pas oublier non plus de mieux impliquer les différentes générations. Concrètement, les jeunes aussi doivent être mieux représentés.

Qu’est-ce que l’OSE peut faire de plus, pour promouvoir les femmes, que de faire appel à l’électorat?

Les appels ne suffisent pas. Les femmes doivent être soutenues à tous les niveaux et dans toutes les instances. Les associations suisses et faîtières qui organisent les élections au CSE de manière décentralisée ont un rôle particulier à jouer. Si elles prennent elles aussi la promotion des femmes au sérieux, le nombre de candidates augmentera. Et s’il y a plus de candidates, il y aura plus d’élues.

L’OSE délègue donc ses devoirs aux associations et aux faîtières?

Absolument pas. La promotion des femmes est une priorité pour l’OSE. Nous l’appréhendons à tous les niveaux. Le Comité de l’OSE a également soutenu cet objectif en novembre 2020. Malheureusement, la pandémie nous a quelque peu retardés dans sa poursuite ces derniers mois. Ainsi, par exemple, il a été plus difficile de dialoguer avec les délégués du CSE. Mais au Congrès des Suisses de l’étranger à Lugano, en 2021, nous consacrerons tout le samedi matin à la promotion des femmes.

Ariane Rustichelli, directrice de l’Organisation des Suisses de l'étranger: «Les femmes doivent être soutenues à tous les niveaux et dans toutes les instances.»

L’OSE souhaite qu’à l’avenir, tous les Suisses de l’étranger puissent participer aux élections du CSE, qu’ils soient inscrits dans une association suisse ou non. Une telle élection directe serait-elle bénéfique aux femmes?

Plus il y a de femmes qui votent et qui se portent candidates, plus leurs chances augmentent. Du moins théoriquement. Car dans la pratique, on constate qu’un changement de système seul ne suffit pas. Il faut un contexte qui donne du courage aux femmes. Souvent, les femmes se sentent encore moins légitimées à présenter leur candidature pour un mandat. D’anciens stéréotypes jouent peut-être encore ici un rôle.

Pour 2021, ces réflexions sont encore hypothétiques, car aucune élection directe n’aura lieu.

C’est juste. Pour qu’une élection directe fonctionne bien, il faut que tout le monde puisse voter en ligne. Mais les revers subis par le vote électronique en Suisse nous ont fait reculer: actuellement, il n’existe plus aucune solution étatique. Par conséquent, nous misons actuellement sur un système de vote électronique alternatif. Nous l’avons déjà évalué. Mais sa mise en place prend du temps. Notre démarche illustre cependant à quel point l’introduction d’une élection directe reste importante. Et ce, pour une bonne raison: une élection directe augmente la représentativité et le poids politique du CSE. Toutefois, même si nous utilisons notre propre système de vote électronique alternatif, nous dépendons du soutien de la Confédération. Elle est la seule à pouvoir déterminer qui, parmi les Suisses de l’étranger, est autorisé à voter. Nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes, car en tant qu’association à but non lucratif, nous n’avons pas accès à de telles informations pour des raisons de protection des données.

Quels seront les questions sur lesquelles devra se pencher le CSE nouvellement élu en 2021?

Quelques questions politiques de longue haleine restent d’actualité! La problématique des banques et toutes les questions touchant aux assurances sociales intéressent de très près les Suisses de l’étranger. Pour bon nombre d’entre eux, la problématique de l’exercice des droits politiques est aussi extrêmement importante: ils veulent notamment pouvoir voter et participer aux élections. Or beaucoup en ont été empêchés par la pandémie de coronavirus. En fin de compte, l’exercice des droits politiques garantit aussi une bonne représentation de la diversité: dès lors que la «Cinquième Suisse» peut faire entendre sa voix, le tableau de la société suisse est plus complet.

Un autre sujet est le processus de renouvellement dans lequel l’OSE est elle-même impliquée. Nous voulons davantage contribuer au dialogue avec les Suisses de l’étranger. L’OSE s’efforce aussi de mettre en place une nouvelle politique financière, et notamment d’améliorer la constitution de réserves afin de mieux pouvoir atteindre, et plus rapidement, ses grands objectifs.

Une élection autour du monde

De janvier à juin 2021, partout dans le monde seront élus les délégués du Parlement de la «Cinquième Suisse», le Conseil des Suisses de l’étranger. 140 membres sont à élire: 120 délégués des communautés suisses à l’étranger et 20 représentants de l’intérieur. Les élections seront organisées de manière décentralisée, et selon des modalités pouvant différer d’un pays à l’autre. Les associations suisses et les organisations faîtières vous renseignent sur les élections qu’elles organisent dans les pages régionales de la «Revue Suisse».

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