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  • Chiffres suisses

Bambi, entre la vie et la mort

07.10.2022 – RECHERCHE DES CHIFFRES : MARC LETTAU

30 000

Seuls des drones dotés de caméras étaient à même d’appréhender, cet été, la dimension du camp fédéral 2022, le plus grand camp de scoutisme suisse de tous les temps. Le campement dans lequel 30 000 scouts ont passé de chaudes journées d’été s’étendait sur près de quatre kilomètres au cœur de la vallée de Conches (VS). www.mova.ch/fr/cafe

3000

Les faons ne s’échappent pas quand le paysan s’approche avec sa faucheuse. Ainsi, ils périssent souvent déchiquetés par la machine. Depuis peu, leur salut arrive du ciel: l’organisation Sauvetage Faons survole en drone des dizaines de milliers d’hectares de prairies avant la fauche. 3000 faons ont pu être localisés et sauvés cette année. Cela changera-t-il notre regard sur les drones?

3

Tandis que le pays parle d’économies d’eau et d’énergie, les scouts ont sérieusement montré l’exemple au camp fédéral: ils n’ont eu droit qu’à trois minutes de douche par semaine. Le rythme à tenir était donc strict: une minute d’eau pour se mouiller, deux minutes sans eau pour se savonner, deux minutes d’eau pour se rincer. À l’eau froide, bien entendu.

470

Presque en même temps – mais pas au camp fédéral –, les ventes de petits chauffages électriques ont explosé en Suisse. Galaxus, la plus grande boutique en ligne du pays, en a vendu en juillet 470 % de plus qu’au cours du même mois de l’année précédente. Les consommateurs ont réagi ainsi à la crainte de voir le gaz de chauffage manquer l’hiver prochain.

27

Tous les chiffres cités ici sont vérifiés et corrects. Il est important de le mentionner, car même en Suisse, bon nombre de personnes affirment que les médias mentent et que les politiciens nous manipulent. D’après un sondage récent, 27 % des Suisses sont de cet avis et peuvent donc être considérés comme des complotistes. Ce qui est impressionnant, c’est que leur chiffre a baissé d’un bon quart pendant la pandémie de coronavirus. Tentative d’explication des chercheurs: la véhémence de certains porte-parole critiques a effrayé bon nombre de gens réceptifs aux théories du complot.

Image  En cas de danger, les faons se dissimulent dans l’herbe haute. Lorsque les faucheuses approchent, cette cachette se révèle fatale pour eux. Photo Keystone

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  • user
    Virginie Serre, France 07.11.2022 At 16:58
    Sur cette page intitulée « Chiffres suisses », j’ai été tout simplement scandalisée par le paragraphe traitant du « 27 ».

    En à peine plus de dix lignes, tout y est, les lieux communs, les raccourcis et la stigmatisation bête et méchante. J’imaginais que la Revue suisse surfait à un plus haut niveau de journalisme, me voilà très déçue. L’auteur de ces lignes (Marc Lettau ? Ou n’a-t-il fait que rechercher les chiffres ?) utilise toute une armada de biais cognitifs, pour imposer son point de vue sans aucune élégance.

    Je suis souvent critique et sceptique quant aux informations grand public que je glane dans la presse, j’aime vérifier, croiser les sources, enrichir ma réflexion par des éclairages différents et parfois opposés à mes convictions. Mais malgré cela, ou peut-être justement grâce à cela, je n’adhère pas aux théories du complot, que je trouve bien souvent réductrices et simplistes. Quelle tristesse de voir que votre journaliste s’en tient justement à une partition réductrice et simpliste, mettant les gens dans des cases selon son bon vouloir, sans aucun sens de la nuance et de la réalité.

    Reprenons et déroulons le fil de ces quelques lignes qui m’ont fâchée et choquée.

    Le paragraphe commence par « Tous les chiffres cités ici sont vérifiés et corrects ». Mais le fait de l’écrire ne suffit pas ! La moindre des choses serait de citer les sources qui permettent d’affirmer une telle chose. Pour les autres paragraphes, on peut les déduire entre les lignes : "Galaxus", "Sauvetage Faons" et le camp scout fédéral semblent être les pourvoyeurs des statistiques annoncées. Je dis bien "semblent", car rien ne le précise avec certitude, aucune référence de site internet ou d’une brochure papier (sauf pour le « 30 000 » où le lien vers le site internet permet une vérification). Mais pour ce fameux « 27 », rien pas l’ombre d’une source. Enfin, si ! « Un sondage récent » nous le dit ! C’est que ça doit être vrai, alors ! Hop, ne réfléchissons surtout pas, éteignons notre cerveau, on nous a dit que c’était « vérifié et correct », cqfd ! Mais pourtant, j’adorerais en savoir plus sur ce sondage récent. Qui l’a commandité ? Sur quel panel de population ? Comment a-t-il été réalisé et par qui ? A quelle date ? Il est si facile d’imposer une pensée dominante en évinçant les questionnements, et d’accéder ainsi au « monopole de l’information légitime » comme l’appelait le sociologue Pierre Bourdieu.

    On continue avec l’affirmation que « bon nombre de personnes affirment que les médias mentent et que les politiciens nous manipulent. » En effet, cela s’appelle la liberté de pensée ! Et si ce « bon nombre » pense ainsi, alors il en a parfaitement le droit. Quoi de plus naturel et de plus sain que d’user de notre esprit critique pour tenter de démêler le vrai du faux dans un monde où l’information, vérifiée ou non, se transforme parfois en doctrine inébranlable. Remettre en cause une parole, la critiquer, la discuter, la réfléchir, pour finalement se l’approprier ou la rejeter est indispensable pour se forger une pensée autonome et impartiale. On rapporte que Galilée, qui pensait que la terre était ronde alors que tous le prenaient pour un fou, aurait dit : « Pourquoi devrais-je croire aveuglément et stupidement les dires de quelqu’un d’autre qui est tout aussi susceptible de se tromper que moi ? »
    Cette démarche distanciée et scientifique est d’autant plus importante quand on sait que l’être humain cède facilement au biais cognitif "de confirmation", à savoir, la tendance à rechercher en priorité des informations qui confirment sa manière de penser, mettant de côté alors tout ce qui pourrait la remettre en cause.

    On enchaîne ensuite avec le clou du spectacle, une argumentation qui n’en est pas une, « une simple stigmatisation permettant précisément d’éviter d’avoir à argumenter pour démontrer le bien-fondé de telle ou telle position », comme le dit si bien le sociologue Laurent Mucchielli : « 27 % des Suisses sont de cet avis et peuvent donc être considérés comme des complotistes ».
    Ce qui est sûr, c’est que le 100% des suisses complotistes pensent que les médias mentent et que les politiciens nous manipulent. Par contre, il subsiste une grosse inconnue sur la proportion de « complotistes » parmi les 27% de suisses identifiés par le « récent sondage » ! Il se pourrait qu’il n’y ait qu’un seul pourcent de complotistes parmi ces 27%, ou peut-être plus, ou même moins ! Dans l’état des données présentées, rien ne permet d’affirmer une chose ou l’autre. Et pourtant, le journaliste se permet ici un raccourci d’une grossièreté phénoménale ! Un peu comme si on vous disait : les Valaisans habitent en Valais. Le Valais est en Suisse. Donc les Suisses habitent en Valais. Aucune validité du raisonnement sur un plan logique n’est requise, on tombe là dans le biais cognitif "de croyance", qui consiste en la formation d’une hypothèse selon ce qu’on désire et ce que l’on se plaît à imaginer. On ne prend plus en compte l’évidence, ni la rationalité, ni la réalité.

    Et non, le simple fait de ne pas croire aveuglément les médias ne range pas les individus de facto dans la catégorie des complotistes. Le sociologue Laurent Mucchielli définit ainsi le complotisme : « Le véritable complotisme (ou conspirationnisme) consiste dans la proposition d’interpréter telle ou telle donnée factuelle comme autant de signes d’une histoire méconnue et inéluctable en train d’advenir, d’un complot dissimulé de la vue générale. Il suppose donc la croyance en une vision globale de l’histoire comme mue par des forces cachées, quelle que soit la nature de ces forces (généralement politiques, militaires, économiques ou religieuses). »
    Cette vision existe et a existé, depuis des siècles et dans différentes sociétés, mais elle ne constitue de loin pas une norme pour et parmi les personnes qui se posent des questions et qui osent remettre en cause un discours venant de la presse ou de la classe dirigeante.

    Pour terminer, il est question de la baisse de ce nombre pendant la pandémie. Qui sont « les chercheurs » ? Combien de personnes ont été interrogées ? A quelles dates ? (car le ressenti et la crainte inspirés par la pandémie ne sont absolument pas les mêmes en mars 2020 ou en mars 2022 !) Bref, le flou total qui entoure cette affirmation la rend du coup très peu fiable. Merci pour l’info, mais on aimerait en savoir plus et en savoir mieux !

    En conclusion, je regrette sincèrement de lire de telles banalités sans fondement dans une revue sensée représenter la Suisse à ses ressortissants à l’étranger. La période de la pandémie a exacerbé les penchants jusqu’au-boutiste des partisans de tous les bords. A quoi cela sert-il donc de jouer leur jeu en proférant des raccourcis iniques qui continuent à diviser les gens ?

    J’espère que votre journaliste saura choisir et commenter ses prochains « chiffres suisses » avec plus de discernement et de professionnalisme, non pas pour diviser et juger comme il l’a fait là, mais plutôt pour nous faire rire, rêver, nous émerveiller, nous impressionner, nous toucher au cœur avec bienveillance, voire même réveiller et réchauffer en nous notre fierté pour notre pays d’origine.
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      Marc Lettau, Chefredaktor "Schweizer Revue" 08.11.2022 At 10:32

      Dass mein kleiner Beitrag in der Rubrik "Schweizer Zahlen" Sie verärgert hat, bedauere ich sehr. Er wurde ohne jede Absicht verfasst, jemanden herabzusetzen. Selbstverständlich nennen wir Ihnen gerne die Quelle, der wir die zitierte Zahle entnommen haben: Die erwähnte Studie wurde vom Institut für Delinquenz und Kriminalprävention der Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften, ZHAW, erartbeitet. 


      Je suis vraiment désolée que mon petit article dans la rubrique "Chiffres suisses" vous ait autant irrité. Ces lignes ont été rédigées sans aucune intention de dégrader qui que ce soit. Je vous livre volontiers la source de l'affirmation citée : Institut pour la délinquance et la prévention de la criminalité de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (Institut für Delinquenz und Kriminalprävention der Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften, ZHAW). L'étude conclut que la part des Suisses qui s'expriment "plutôt d'accord" avec les théories du complot a baissé de manière significative entre 2018 et 2021 : de 36 à 27%.


      - La référence dans le registre de la ZHAW  / Fundstelle im ZHAW-Katalog:
      https://digitalcollection.zhaw.ch/handle/11475/25200


      - Le résumé de l'étude (en allemand) / Zusammenfassung der Studie :
      https://digitalcollection.zhaw.ch/bitstream/11475/25200/3/2022_Baier_Sozio-politische-Einstellungen-CH-Covid.pdf


      Avec mes salutations distinguées, Marc Lettau

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